25 janvier 2021
Souleymane Traoré, docteur vétérinaire du Mali et boursier d’Afrique One-ASPIRE, a mené une étude sur la séroprévalence de la brucellose chez les petits ruminants et les comportements à risque associés pouvant conduire à l’infection des animaux et de l’homme dans différents systèmes d’élevage au Mali.
L’étude a été menée dans trois régions du Mali (Sikasso au sud, Ségou au centre et dans le district de Bamako au sud-ouest). L’objectif général était de déterminer le rôle des systèmes d’élevage de petits ruminants dans le maintien et la transmission de la brucellose dans le pays. Plus précisément, l’étude visait à évaluer la séroprévalence de la brucellose et à montrer comment le système d’élevage et le comportement humain exposent les animaux et les humains à la maladie.
Ses résultats sont publiés dans la revue scientifique PLOS ONE, librement accessible à tous. Le candidat au doctorat Souleymane Traoré de l’École Inter-États des Sciences et Médecine Vétérinaires de Dakar, Sénégal, y révèle que la brucellose, une maladie provoquant l’avortement chez les animaux, de la fièvre et des malaises chez l’homme, transmissible entre animaux et humains (zoonose), peut être un obstacle au développement de l’élevage au Mali.
Malheureusement, la brucellose est une maladie négligée au Mali et n’a fait l’objet que de quelques études.
Les études existantes sur la brucellose au Mali ont démontré des taux d’infections relativement élevés (séroprévalence), mais jusqu’à présent, elles n’ont pas pris en compte l’aspect du système d’élevage ni l’identification des comportements à risque pouvant promouvoir la transmission de la maladie. Les mécanismes qui sous-tendent la transmission de cette zoonose sont assez complexes. Afin d’actualiser la situation épidémiologique sur la brucellose au Mali et de comprendre les éléments qui favorisent sa propagation et son maintien dans les systèmes d’élevage, des études comme celle-ci sont essentielles.
La récente étude de Traoré a révélé une séroprévalence élevée de la brucellose chez les petits ruminants au niveau individuel (4,1%), ce qui est un indicateur qu’un nombre élevé d’animaux sont infectés. Dans l’ensemble, 25,2 % des troupeaux de petits ruminants de cette étude étaient infectés.
Si l’on examine le système d’élevage, c’est le système d’élevage périurbain qui est le plus touché avec une séroprévalence de 38,1 %, suivi par le système d’élevage pastoral (24,3 %). Les pratiques pouvant favorisées la transmission entre les humains et les animaux ont été identifiés.
L’échange de mâles reproducteurs entre éleveurs a été observé dans 30,2 % des exploitations. L’élimination inappropriée des placentas dans l’exploitation a été observée dans 31,1 % des exploitations. De même, le maintien dans le troupeau de femelles ayant avorté a été signalé par 69,7 % des éleveurs. Ces pratiques pourraient favoriser la contamination des animaux et donc maintenir la brucellose dans le troupeau.
Des comportements pouvant exposer l’homme à la brucellose ont été observés, tels que le contact étroit et prolongé (animaux dans la concession familiale, aux alentours des concessions) avec les animaux dans 51,2% des cas, la consommation de produits laitiers non pasteurisés (26,9%) ; et l’assistance aux femelles pendant la mise-bas sans aucun équipement de protection dans 40,3% des exploitations.
Cette étude a été limitée par le fait qu’aucun sang n’a été prélevé sur les humains pour élucider les liens possibles entre la séropositivité animale et humaine. De plus, les souches de Brucella circulant chez les petits ruminants n’ont pas été identifiées.
Il serait important de mener des études similaires, y compris la détermination de la prévalence de la brucellose chez l’homme, et de chercher à isoler et à identifier les souches de Brucella spp. circulant dans les élevages de petits ruminants au Mali.
À propos d’Afrique One-ASPIRE :
Le Consortium Afrique One est un groupe de scientifiques africains travaillant dans des universités et des institutions de recherche en Afrique de l’Est et de l’Ouest. Ils collaborent avec des universités au Royaume-Uni et en Suisse et leurs travaux de recherche sont financés par l’Académie africaine des sciences, basée au Kenya, dans le cadre du programme de recherche et de formation DELTAS Africa.
Publication disponible ici : https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0245283
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