24 janvier 2017
Actuellement, 60% des plus de 500 espèces de primates non humain (singes, gorilles, orang outan, lémuriens loris, galagos, tarsiers) reconnues dans le monde sont menacées d’extinction. Si rien n’est fait pour les protéger, cette espèce de mammifère disparaitra dans les 50 prochaines années à venir. La sonnette d’alarme a été tiré par un collectif d’une trentaine de chercheurs du monde entier dont le Prof. Inza Koné, Directeur de la Recherche et du Développement au Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS), dans un article paru le mercredi 18 janvier 2017 dans la revue internationale Sciences Advances.
L’homme : la menace
Selon les chercheurs, la menace de disparition qui plane sur les primates est le résultat des pressions sans cesse croissante que les humains exercent sur les primates et leurs habitats. Ce sont entre autres, la déforestation, la chasse et le commerce illégal, l’expansion de l’agriculture industrielle et de l’élevage à grande échelle, l’exploitation forestière, le forage pétrolier et gazier, l’exploitation minière, la construction de barrages et de nouveaux réseaux routiers pour l’extraction des ressources dans les pays où se trouvent les espèces en danger. A ceux-ci, s’ajoute le changement climatique.
…et la victime
« Si les humains continuent à modifier et à dégrader les habitats de sorte qu’ils ne conviennent plus aux primates, ces habitats finiront par devenir inadaptés pour les humains eux-mêmes », avertissent les chercheurs. C’est une raison de plus pour interpeller les êtres humains sur les liens existants entre leur survie et celle des primates. Ces derniers au vu de leur proximité avec les humains offrent « un aperçu unique de l’évolution humaine, de la biologie, du comportement et de la menace des maladies émergentes ». Ils sont intégrés dans des sociétés traditionnelles comme étant des personnages culturels sacrés, des animaux de compagnie et des moyens de subsistances en ce sens qu’ils sont soit consommés ou qu’ils contribuent à la production d’objet de consommation et de sources de revenus. En Côte d’Ivoire par exemple, 48% des graines que les primates dispersent dans la région de Tai dans un processus de régénération naturelle des forêts, ont une utilité économique ou culturelle. Cela va de soi que si les primates disparaissent, c’est l’activité économique et culturelle de tout un peuple qui sera mise en branle.
De même au plan médical, les primates notamment les chimpanzés, se présentent comme d’excellents guides dans la recherche de plantes à forte valeur thérapeutique et nutritionnelle. Cela a été démontré par Constant Ahoua, Chercheur associé au CSRS. Leur extinction peut donc constituer un frein à la recherche de solutions face aux épidémies dont souffrent les hommes.
Que faut-il faire ?
Améliorer les conditions de vie des humains. C’est l’une des solutions proposées par les chercheurs. Elle peut paraitre paradoxale mais elle vaut son pesant d’or « étant donné que la plupart des primates vivent dans des régions caractérisées par un niveau élevé de pauvreté humaine et d’inégalité ». Raison pour laquelle des « mesures immédiates doivent être prises pour améliorer la santé et l’accès à l’éducation, développer des initiatives durables d’utilisation des terres et préserver les moyens de subsistance traditionnels qui peuvent contribuer à la sécurité alimentaire et à la préservation de l’environnement ».
L’autre solution à en croire les chercheurs, serait d’établir comme priorité mondiale, la conservation des primates et de leurs habitats. Associé à cela, étendre les aires protégées et y mettre en œuvre des mécanismes permettant de fournir aux primates des espaces appropriés.
Le CSRS en avant-garde
Le Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS) se positionne en avant-garde dans la lutte pour la conservation des espèces en voie de disparition et leurs habitats ; d’où la présence d’un de ses directeurs dans le collectif de chercheurs auteurs de l’étude. Le CSRS mène des activités de recherche, de sensibilisation et de conservation dans les forêts de la côte ivoirienne, dans le nord-est du pays et au Parc national de Tai, l’un des derniers vestiges de la forêt tropicale primaire en Côte d’Ivoire. Pour aider à fédérer les primatologues africains et affirmer leur leadership dans les efforts de conservation des primates sur le continent, le CSRS organisera à Abidjan le congrès inaugural de la Société Africaine de Primatologie (SAP). Il rassemblera environ 150-200 Primatologues africains, des chercheurs non africains et des conversationnistes de renommée mondiale travaillant sur les primates d’Afrique ainsi que d’autres parties prenantes.
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